17/06/2011

Politique


Bernard-Henri Lévy, souteneur politique.
 Aujourd’hui, un certain nombre de petits événements politiques.

Commençons par le plus important : Bernard-Henri Lévy, notre entarté national, a fait savoir qu’il soutient désormais Martine Aubry. J’écris «désormais» car il avait d’abord affirmé son soutien à Mme Royal, avant de le transférer à M. Strauss-Kahn. Nul doute que ce soutien de poids, apporté par l’une de nos figures intellectuelles les plus conséquentes, réjouira Mme Aubry. Et attendons avec impatience de connaître vers qui se porteront les soutiens d’autres figures d’importance intellectuelle équivalente : Guy Bedos, Steevy Boulay et Casimir.

Sinon, Mme Lauvergeon, patronne d’Areva, vient d’être débarquée au profit de son n° 2. Sur ordre de l’Elysée. Cette décision est l’avant-dernier mouvement d’une petite combinaison visant à démanteler Areva pour mettre la filière nucléaire française dans les mains d’EDF. Et surtout de Bouygues, qui prévoit de développer une offre de centrales nucléaires «clé en main» en absorbant la filiale d’Areva appelée «NP».  Cette affaire-là dure depuis près de trois ans. Et sera très, très juteuse pour Bouygues. Et n’avançait pas, à cause du refus obstiné de Mme Lauvergeon à voir démanteler son entreprise. Mais bien entendu, le fait que M. Martin Bouygues est l’un des plus chers amis de M. Sarkozy n’a rien à voir dans l’histoire.

Et puisqu’on parle de M. Sarkozy, je m’en voudrais d’oublier cette anecdote : il paraît que désormais «l’antisarkozysme est une forme d’antisémitisme qui ne s’assume pas». On admirera le sens de la nuance, l’inattendu de la formule et l’ingéniosité du rapprochement. Notez, celui qui affirme ça doit s’y connaître, puisqu’il s’agit de M. Patrick Buisson, ancien directeur de Minute, zélateur de l’OAS, admirateur de Jean-Marie Le Pen à qui il a consacré un livre de photos, proche conseiller de M. Sarkozy et, à ce titre, inspirateur de la création d’un ministère de l’Identité nationale. A ses moments perdus, M. Buisson dirige également la confidentielle chaîne de télévision Histoire, laquelle chaîne a recu près de 300 000 euros de subvention du ministère de la Culture et appartient à 100% au groupe TF1, qui lui-même appartient à… Martin Bouygues. Vous voyez comme tout ça tient bien ?

Continuons avec la politique. Chez Europe Ecologie-Les Verts (EELV pour les intimes), ça débat à fond la caisse entre prétendants à l’investiture. Et la fièvre monte. Lors du dernier débat, Mme Joly a dit que M. Hulot parle plus qu’il n’agit. M. Hulot a rétorqué qu’il ne faut pas confondre «combat avec coups bas». Les partisans d’un troisième postulant, M. Lhomme, ont publié un communiqué pour dénoncer «la violence inouïe» de cet échange. Sans rire : la violence inouïe. Je suggère à M. Lhomme et à ses copains d’aller jeter un œil sur ce qui se disait ou s’écrivait en fait de dialogue politique sous la IIIème république, chez les Léon Daudet, Octave Mirbeau, Léon Bloy et autres Julien Benda. Ils verront qu’en fait de violence verbale, M. Hulot et Mme Joly ont encore un petit poil de marge. Mais bon, ça amuse la galerie. Quant au fond, ces braves gens débattent gravement de mariage homosexuel et de dépénalisation du cannabis, sujets sur lesquels ils sont tous d’accord et dont les Français, dans leur vie quotidienne, se soucient comme d’une guigne. Bref, ils font comme ils faisaient avant que M. Cohn-Bendit vienne les organiser.

Pendant que les défenseurs de l’écologie s’amusent entre eux, et sans que cela les fasse réagir outre mesure, le Conseil National de l’Alimentation (CNA) donne son feu vert à la réintroduction de farines animales dans l’alimentation des bestiaux d’élevage. Ce CNA est composé de 57 membres représentant aussi bien les associations de consommateurs que les producteurs, les éleveurs, les distributeurs, les restaurateurs… Rappelons que l’alimentation à base de farines animales a été dénoncée, voilà dix ans, comme la cause de la crise de la vache folle. Il paraît, d’après le CNA, que «les conditions sanitaires ayant conduit à l’interdiction (des farines animales) dans l’alimentation des animaux destinés à la consommation humaine ne sont plus d’actualité». Ne sont plus d’actualité. Voilà, voilà, voilà… Moi, il me semblait bien que deux ou trois histoires de concombres, de graines germées ou de steak hachés tueurs avaient récemment attiré l’attention du public sur les questions de sécurité alimentaire, mais bon… Si les gens qui savent disent que «ce n’est plus d’actualité», il n’y a aucune raison de ne pas les croire.

Pour rester dans l’écologie efficace, signalons aussi que le gouvernement français vient d’autoriser la mise sur le marché du Cruiser OSR. Vous ne connaissez pas ? Le Cruiser OSR est un pesticide qui sera désormais employé dans la culture du colza. Il semble avéré qu’il est d’une très grande efficacité, puisqu’on le retrouve encore, trois ans après épandage, dans la sève et les fleurs des plantes traitées, ce qui lui permet de détruire les abeilles par paquets de mille. Les apiculteurs, dont la pétition anti-Cruiser avait récolté plus de 200 000 signatures, ne sont pas très contents. Pendant ce temps, Mme Joly et M. Hulot procèdent à des échanges «d’une violence inouïe».

Et pour finir sur une note rigolote, une équipe de chercheurs américains annoncent qu’ils pourraient être en mesure de prédire le succès d’une chanson. En étudiant les réactions neurologiques des adolescents.  Par résonance magnétique. Ces chercheurs américains, figurez-vous, ont fait écouter une trentaine de chansons à vingt-sept gamins de 12 à 17 ans, et constaté que les réactions neurologiques de ces ados n’étaient pas les mêmes lorsqu’ils ont entendu la chanson devenue par la suite tube mondial. D’où la possibilité, désormais, de prédire la popularité d’une chanson en la soumettant à un panel d’ados dont on étudiera les réactions neurologiques.

La science progresse : on est désormais scientifiquement assurés que, malgré les apparences, les ados ont bien des réactions neurologiques.

Le niveau monte.

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