03/06/2011

D'un général à l'autre.

Pablo Neruda, poète seringué ?
L'affaire agite le Chili et ne va pas tarder à débarquer chez nous, dès que DSK, Christine Lagarde et autres concombres laisseront un peu de place : Pablo Neruda aurait été assassiné. Neruda, c'est THE poète chilien, prix Nobel de littérature, communiste fervent et mort d'un cancer de la prostate dans une clinique de Santiago le 23 septembre 1973, soit douze jours après le coup d'Etat du général Pinochet. Enfin, c'est ce qu'on croyait. Car voilà-t-y pas que des proches de Neruda, trente-huit petites années plus tard, se demandent si le grand homme n'aurait pas été un peu poussé dans la tombe d'un coup de seringue perfide. Pour éviter qu'il ne fasse de l'opposition intellectuelle. Faut dire que, question général, Neruda avait la primauté sur Pinochet. Son général à lui, le Canto general, datait de 1950. D'où une jalousie d'auteur bien naturelle devant le succès de l'autre. De plus, les proches ci-dessus évoqués ont des preuves accablantes. L'avant-veille de sa mort, Neruda avait disputé le marathon de New-York. Et la veille encore, il recevait ses amis en sautant à la corde. Enfin, j'exagère, mais à peine. Bref, il est mort en pleine santé. D'où suspicion légitime et nécessité de faire une enquête. Les proches - toujours eux - expliquent que, même si on n'est sûr de rien, il y a un "devoir moral" d'enquêter. Enquête passionnante et qui fera suite à celle ouverte voilà quelques jours pour déterminer si le président Allende a été abattu ou s'il s'est suicidé. Vous penserez sans doute que la différence est minime et ne présente qu'un intérêt anecdotique. Moi aussi. Mais il est vrai que nous ne sommes pas chiliens.

A Paris, pour une fois, les élus municipaux UMP prennent de l'avance. Les Municipales n'auront lieu qu'en 2014, et avant elles il y aura deux ou trois babioles genre Sénatoriales, Présidentielle et Législatives ; mais ils se cherchent déjà un candidat. Il leur faut "un homme d'Etat", explique leur chef, M. Lamour. Ils ont offert la place à François Fillon. Vous aussi, ça vous fait marrer ? Bon, c'est vrai que question homme d'Etat, M. Fillon, ce n'est pas le nom qui vient spontanément à l'esprit. Mais réfléchissez deux minutes : Copé est déjà maire de Meaux, Juppé maire de Bordeaux et quant à Sarko, il risquerait de prendre mal qu'on lui propose déjà la place. Ça ne laisse pas grand monde. Et puis, imaginez que notre Président cherche à fourguer comme candidat à l'UMP parisien son Jeannot de fils... On comprend que M. Lamour se dépêche de prendre les devants.

A côté de ça, Groupon veut entrer en bourse. Groupon, c'est un site Internet d'origine américaine qui vous propose de faire des bonnes affaires en profitant de prix cassés sur tout et n'importe quoi, en particulier des nuits d'hôtel et des séjours touristiques. Moi, ça m'étonne un peu, vu que je n'ai découvert l'existence de ce truc que voilà trois semaines, par des offres spamées entre une proposition pour faire maigrir mes impôts et une autre pour faire grossir mon sexe (il va bien, merci). Sans compter que depuis, j'ai lu quelques articles ou lettres de consommateurs qui tendent tous à dénoncer Groupon comme l'escroquerie du siècle. La boîte en question a perdu 456 millions de dollars en 2010 (pour un chiffre d'affaires de 713 millions) et 146 millions au premier trimestre 2011 (pour un CA de 645 millions). Ça me semble tout à fait en ligne avec les performances des Google, Facebook et autre pépites du net. Gageons que la Société générale sera dans les premiers à souscrire.

Bernard-Henri Lévy, le célèbre philosophe pour noces et banquets, a encore trouvé un moyen de  faire parler de lui. Il a déclaré avoir apporté à M. Netanyahou un message du CNT, le gouvernement provisoire libyen. Message de haute portée diplomatique et géopolitique, puisqu'il affirme en substance que le CNT souhaite la paix et la justice pour la Palestine comme pour Israël et comme d'ailleurs pour le reste du monde. L'ennui, c'est que si M. Netanyahou a bien reçu notre BHL national, personne au CNT ne se souvient de lui avoir confié quoi que ce soit. D'ici à ce qu'un blagueur façon Botul se soit payé la tronche de notre entarté favori, il n'y a pas des kilomètres.

A Rome, Benoît XVI vient d'ordonner la fermeture d'un couvent. Non qu'il y en ait trop, mais celui-là, Santa Croce di Gerusalemme, était un peu déviant. D'abord, il était devenu un lieu très tendance où les "people" les plus célèbres venaient volontiers se ressourcer le spirituel sous l'œil des photographes. Et puis, apparemment, il s'y organisait des soirées plus dignes du "Decameron" que de "L'Evangile selon Saint-Matthieu" (les amateurs de Pasolini comprendront ce que je veux dire). Il est vrai que le couvent comptait des recrues de choix : l'une des nonnes était une ancienne pro de lap-dance et l'un des moines un ancien styliste branché. Tout ce qu'il fallait pour monter un endroit hype... Toujours est-il que la décision de fermeture est tombée. Certains diront sûrement que c'est dommage : pour une fois qu'un couvent s'ouvrait sur le siècle.

Pendant ce temps, au ministère de l'Education nationale, le progrès fait des ravages. Il a été décidé d'introduire dans le programme de SVT (Sciences de la Vie et de la Terre) de Première des références plus ou moins explicites à la "théorie des genres". Pour ceux qui l'ignoreraient, la théorie des genres est l'une des plus récentes couillonnades importées des USA, qui n'en sont jamais avares. En gros, selon cette théorie, il n'y a de différenciation sexuelle que sociale, les éventuelles différences biologiques n'étant que mineures et sans véritable signification. Les responsables de l'enseignement catholique s'en émeuvent et recommandent la "vigilance" dans le choix des manuels scolaires. Les tenants français de la "théorie des genres", qui gagnent leur vie à l'enseigner à Sciences-Po, crient au discours rétrograde et à la tyrannie hétérosexuelle. Les responsables du couvent Sante Croce di Gerusalemme n'ont pas encore fait connaître leur avis.

Bref, le niveau monte.

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