06/06/2011

Lesbien descendu ?


Elise et Stéphan(i)e, vainqueuses par double négation.
On voit que ce long week-end est passé : après une inquiétante cessation d’activité pendant trois ou quatre jours, le robinet à conneries fonctionne à nouveau. Et à plein jet. Je trouve ça presque rassurant.

En vrac, la sélection du jour : des tortues, des lesbiennes, un utérus, une ultra-milliardaire, un anniversaire qui tourne à l’émeute et un chat anonyme.

Les lesbiennes, d’abord. Elles se sont mariées ce samedi 4 juin à Nancy, le plus légalement du monde. Non pas que le mariage homosexuel soit autorisé en France, mais celui-ci n’en était pas un puisqu’en fait l’une des deux femmes est un homme. Enfin, était un homme. Avant de changer de sexe. Et comme l’administration, pour une raison ou pour une autre, n’a pas reconnu son changement de sexe, le mariage a pu se faire. Je ne sais pas si vous avez bien suivi ; c’est ce qu’on appelle la double négation, un peu comme «les ennemis de mes ennemis sont mes amis». En sortant de la mairie, arrivés au pied du grand escalier, ni la femme, ni sa conjoint – ou son conjointe – n'a posé la question que tout le monde attendait : «Lesbien descendu ?». Par contre, ils ont déclaré que ce mariage était «un symbole pour tous les millions de gays et lesbiennes qui aimeraient avoir les mêmes droits, pour que la France devienne un vrai pays républicain». Vu que la France ne sera pas une vraie république tant qu’elle n’aura pas autorisé le mariage homosexuel. Ayant dit, les deux tourterelles sont vite allées rejoindre une marche des «Fiertés lesbienne, gay, bi et trans». Histoire d’en rajouter dans le symbole. Parce qu’on peut très bien et en même temps se revendiquer «comme tout le monde» et défiler pour affirmer sa fierté de ne pas être comme les autres. On n’en est pas à une double négation près. D’ailleurs, voyez François Hollande : il demande qu’on le choisisse pour être au-dessus des autres sous prétexte qu’il est «normal». Comme quoi…

Les tortues ensuite. Elles ont envahi la plage d’Omaha Beach, haut-lieu du débarquement. Plus de mille. Très grosses, toutes blanches et avec des carapaces en forme de casques de GI. Ce sont des sculptures d’un dénommé Rachid Khimoune destinées, en ce jour de commémoration, à symboliser «les horreurs infinies de la guerre». C’est lui qui le dit. Avec sérieux. Je suis perplexe : en quoi la tortue est-elle une bestiole particulièrement belliqueuse ? Ou horrible ? Ou victimaire ? Infinie, à la rigueur, à cause de Zénon, d'Achille, tout ça... Vous ne connaissez pas ? Pas grave. De toute façon, je ne sais pas si la tortue était vraiment indiquée pour symboliser des petits gars de l’Idaho ou de la Georgie qui, à peine le pied posé sur la plage, se sont probablement mis à cavaler aussi vite qu’ils l’auront pu histoire d'éviter les pruneaux de tous calibres qui leur pleuvaient dessus par paquets de mille. Mais bon, je ne suis pas artiste. Pardon ? «Rachid Khimoune non plus» ? Ce n’est pas gentil, ce que vous dites là.

Animal suivant : le chat. Celui-ci s’appelle… Ben, justement, il ne s’appelle pas encore. C’est le chat de M. Harper, premier ministre du Canada. M. Harper, qui a du temps à perdre et des voix à gagner, a créé une page Facebook pour demander aux Canadiens de voter afin de donner un nom à son chat. Ils ont le choix entre six propositions, toutes plus connes les unes que les autres. Six mille personnes ont déjà voté. Le Canada est un grand pays démocratique. «Un vrai pays républicain», comme on dit à Nancy quand on vient de s'y marier. 

L’utérus, maintenant. Celui-là aussi est symbolique, comme le mariage et les tortues. Il a été évoqué à l’occasion d’un colloque organisé à la Sorbonne sur l’apport de l’OM dans la société. Oui, oui, l’OM. L’olympique de Marseille. Le club de foot, quoi, vous savez bien, celui que Tapie a rendu célèbre avec des histoires de valises de billets… Eh bien, figurez-vous que l’OM, donc «mérite une véritable analyse scientifique (…) Il a toute sa place en tant qu’objet d’étude unique». C’est ce qu’affirme M. Pierre Dantin, créateur de la chaire «Société, sport et management» à l’université de la Méditerranée. D’où un colloque en bonne et due forme, à la Sorbonne, avec des profs de Sciences Po, un sociologue «directeur de l’Observatoire du Religieux», la socio-star Michel Maffesoli et la pédopsycho-star Marcel Rufo. Lequel s’est illustré en déclarant : «Le nouveau stade Vélodrome sera un utérus où nous renaîtrons tous à chaque match». Je sens que l’analyse scientifique est bien partie.

La multi-milliardaire, c’est Tatie Zinzin, alias Liliane Bettencourt, qui est désormais rabibochée avec sa fille. Les deux braves dames, donc, ont uni leurs voix pour demander qu’il soit mis fin à toutes les enquêtes et autres investigations déclenchées par leurs récents crêpages de chignon. Il faut dire que, à la faveur desdites enquêtes, le trésor public a mis le nez sur trois ou quatre milliards d'euros planqués en Suisse et sur une île oubliée dans le Pacifique, tandis qu’un ministre faisait les frais de l’histoire. C’est ce qui s’appelle des dommages collatéraux. Et ça a rapporté quelques dizaines de millions en redressement fiscal. A mon humble avis, si les deux mamies décident de mettre les pouces, c’est probablement qu’il doit en rester un peu sous la pédale. A la place du TPG de Neuilly, je me dépêcherais de gratouiller tant qu’on le laisse encore faire.

Et pour finir, l’anniversaire. C’est celui de Thessa, une hambourgeoise de 16 ans, qui a posté une invitation à son anniversaire sur Facebook en oubliant de la limiter aux happy-few concernés. Près de 1 500 personnes se sont pointées. Les parents ont appelé la police à la rescousse. Une centaine d’agents sont intervenus. Des poubelles ont été brûlées, des voitures vandalisées, des bouteilles brisées par dizaines et onze personnes arrêtées pour trouble à l’ordre public. Une bien belle fête. Déjà, en 2008, une adolescente de 14 ans avait fait le coup à Brighton. 400 personnes avaient débarqué et avaient finalement vandalisé la baraque des parents avant de repartir se faire de nouveaux amis.

Quatre cents personnes en 2008, mille cinq cents en 2011. Le niveau monte.

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